Murakami-etrange-bibliotheque

Il y a quelques années, j’ai lu un roman de Murakami que j’ai adoré : Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil. Je l’ai dévoré et tellement aimé que je n’ai pas voulu en lire d’autres du même auteur, de peur d’être déçue. J’ai cependant craqué mais j’ai choisi prudemment un petit ouvrage, une nouvelle. Je n’ai pas été déçue !

Ce texte est très particulier. Il raconte, à la première personne, quelques jours de la vie d’un jeune garçon dont on ne connaîtra jamais l’identité. Ce garçon se rend à la bibliothèque municipale où il a ses habitudes, pour remettre des livres qu’il a empruntés. Mais on l’envoie dans les sous-sols où après avoir traversé un dédale de couloirs, il se retrouve prisonnier de deux étranges personnages. Un vieux, d’abord, qui feint de s’intéresser à ses lectures mais qui le berne, et un homme-mouton qui obéit aux ordres du vieillard dont il craint les coups de badine.

Quel monde étrange ! Le héros fait également la rencontre d’une jeune fille, peut-être surgie de ses propres rêves… Le lecteur se perd comme le héros dans un labyrinthe de mystères et d’énigmes.

« L’embêtant, avec les labyrinthes, c’est qu’on ne saura qu’à la fin si l’on a choisi le bon chemin ou pas. Et si en fin de compte on s’est trompé, il est en général trop tard pour repartir en arrière et recommencer. C’est le problème avec les labyrinthes. »

On retrouve les thèmes chers à l’auteur, l’étrange, le fantastique qui peuvent dérouter, ainsi que la lecture, la connaissance. La nouvelle est assez sombre et il m’a semblé qu’elle traitait du monde onirique que permet la lecture, avec ses aspects positifs et ses aspects effrayants. Les phobies du héros, le chien ou les chenilles évoquent davantage le cauchemar que le rêve, et on oscille constamment entre ces deux pôles. Ce balancement est traduit par un style qui lui aussi passe d’un niveau familier à un niveau courant, en restant toutefois simple, fluide et agréable. Le message que l’on peut découvrir dans cette nouvelle, c’est que sans doute seule la lecture permet d’accéder à un monde magique et nous apprend à dépasser nos peurs.

La version que j’ai lue comporte des illustrations (en noir et blanc sur ma liseuse) que j’ai trouvées très belles et qui épousent parfaitement l’étrange monde dans lequel Murakami nous entraîne. Elles reflètent très bien le côté mystérieux de la nouvelle elle-même et lui donnent un souffle poétique. C’est très différent de ce que j’avais lu de lui auparavant mais j’ai vraiment apprécié ma lecture.

L’étrange bibliothèque, de Haruki Murakami

Nouvelle japonaise parue en 2015. 72 pages chez Belfond. Illustratrice : Kat Menschik

Titre original : ふしぎ としょかん,  fushigi na toshokan, traduit par Hélène Morita

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10 commentaires sur “L’étrange bibliothèque, de Haruki Murakami

    • 3 juin 2017 à 1 h 37 min
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      Au Japon, c’est un maître absolu : son dernier livre vient de sortir, les librairies étaient assaillies par une foule incroyable le jour de la parution, il y avait la queue depuis tôt le matin. L’écriture et la culture diffèrent beaucoup de la nôtre, alors certains européens trouvent ça « spécial ». À toi de te faire ton opinion, et j’espère que tu aimeras ! 😉

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  • 3 juin 2017 à 7 h 34 min
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    Bon, certes, j’ai pas trop aimé Kafka sur le rivage mais j’ai adoré L’étrange bibliothèque ! Si quelqu’un veut s’initier à Murakami, je pense qu’il peut commencer par cette nouvelle. Sommeil est la première que j’ai lu, elle est très bien aussi. 🙂

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    • 3 juin 2017 à 7 h 40 min
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      Je n’ai pas encore lu Sommeil, mais si elle est de la même veine que l’étrange bibliothèque, cela devrait me plaire, je note, merci !

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  • 15 juin 2017 à 17 h 30 min
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    J’ai du Murakami dans ma wish list. Pourtant pour l’instant, je n’ai pas encore sauté le pas.
    Je commencerai peut être par cette nouvelle, c’est plutôt un bon compromis de faire court pour une première lecture d’un auteur si populaire.

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    • 18 juin 2017 à 14 h 26 min
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      Oui mais tu verras, c’est assez dérangeant et particulier. J’espère que tu aimeras 🙂

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  • 29 juin 2017 à 0 h 17 min
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    Je ne suis pas trop attirée par les nouvelles en général, mais le résumé que tu fais de celle-ci est plutôt aguichant! Au sud de la frontière m’avait laissée perplexe mais j’avais adoré Kafka sur le rivage.

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    • 29 juin 2017 à 0 h 45 min
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      C’est très particulier mais j’aime bien être parfois bousculée dans mes lectures. Cela fait plusieurs fois que je lis que Kafka sur le rivage est super bien, je vais sans doute me laisser tenter, peut-être cet été.
      Je ne suis pas une fan des nouvelles non plus, mais celles de Yōko Ogawa sont aussi particulièrement belles (et troublantes, mais pas du tout de la même façon) et Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig une pure merveille. Bonne lecture !

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  • 23 février 2018 à 11 h 12 min
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    Ta chronique m’a donné encore plus envie de lire ce livre !
    J’ai lu Kafka sur le rivage l’année dernière et j’avais énormément aimé le style d’écriture et l’univers.

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    • 25 février 2018 à 9 h 52 min
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      J’ai plein de Murakami à lire… un jour ! C’est vraiment original et très particulier, mais j’avais tellement aimé le premier roman que j’ai lu de lui que je ne pouvais que relire cet auteur !

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