L’écriture est simple, sans fioritures ni recherche particulière (j’ai lu le roman en traduction française) : Rachel, trentenaire déprimée et abimée par l’alcool, nous raconte dans un journal à la première personne la vie des gens qu’elle imagine en les apercevant depuis un train qu’elle emprunte chaque jour entre Londres et sa banlieue.
L’héroïne ne se remet pas de sa séparation d’avec Tom qui a refait sa vie avec Anna et leur bébé. Un autre couple qu’elle baptise Jess et Jason, voisin de son ex-mari, attire son attention depuis la voie ferrée car il incarne ce qu’elle croit être un couple idéal. Mais Jess, qui s’appelle en fait Megan, s’évapore soudain et sa disparition fait la une des journaux. Rachel tente de comprendre ce qui s’est passé, veut aider la police et le mari esseulé car elle a observé le couple pendant des semaines et découvert des éléments sur Megan qu’elle juge importants et qui pourraient orienter l’enquête de manière significative, voire la faire aboutir. Rachel a son idée sur la question. Toutefois, son addiction à l’alcool n’en fait pas un témoin fiable. Cette histoire dont le suspens est croissant, est racontée d’abord du seul point de vue de Rachel, puis se double et enfin se triple de ceux d’Anna et de la disparue.
« Sur ce tronçon, il y a un feu de signalisation défectueux, à la moitié du trajet. Enfin, j’imagine qu’il doit être défectueux, parce qu’il est presque toujours rouge ; on s’y arrête quasiment tous les jours, parfois quelques secondes, parfois plusieurs minutes d’affilée. Si je suis installée dans la voiture D (comme presque à chaque fois) et si le train s’arrête au feu (comme presque à chaque fois), j’ai une vue parfaite sur ma maison favorite près des rails : celle qui se trouve au numéro quinze. Elle ressemble à toutes les autres maisons qui longent la voie : c’est une demeure victorienne mitoyenne à un étage, avec un étroit jardin bien entretenu qui s’étend sur six mètres jusqu’à un haut grillage. Un court no man’s land sépare ce dernier des rails. Je connais cette maison par cœur. J’en connais chaque brique, la couleur des rideaux dans la chambre du premier (beige avec un motif bleu foncé), je sais que la peinture du cadre de la fenêtre de la salle de bains s’écaille et qu’il manque quatre tuiles sur une portion du toit, côté droit. »
La construction du roman est originale : on passe de la narration de Rachel et d’Anna à celle, plus ancienne de Megan juste avant sa disparition. Ce décalage chronologique et cette narration polyphonique accroissent le suspens et nous permettent de connaître de manière plus approfondie la personnalité des trois jeunes femmes. Le roman qui commençait de manière assez banale nous surprend et se mue progressivement en un véritable thriller bien conçu, intéressant et qui aborde des thèmes comme l’alcoolisme féminin décrit avec justesse et sans complaisance ou encore le rapport de la femme à la maternité d’une manière originale. Un roman franchement sympathique, à découvrir.
La fille du train, de Paula Hawkins
Roman anglais paru en 2015 chez Sonatine. 378 pages.
Titre original : The girl on the train, traduit par Corinne Daniellot.
Prix Cognac du Polar International 2015.
Ouaip ça se lit facilement et on passe un bon moment ! =)
Oui, pour moi, ce fut une surprise plutôt agréable, je ne m’attendais pas à ce que le roman devienne une sorte de thriller.
Merci pour cet article
Avec plaisir !
J’avais bien aimé aussi : l’idée, la manière de raconter, et le fait que je n’ai pas deviné le coupable trop tôt. Mais les habitués des thrillers avaient paraît-il percé le mystère avant moi…
C’est ce que j’ai lu aussi mais personnellement, je n’avais pas deviné la fin 😉
Votre critique est beaucoup plus complète que celle qui a paru dans Babelio. Elle m’a beaucoup plu, surtout le passage sur la construction du roman qui se rapproche très fort de ce que j’avais pu analyser. J’ai lu le livre pendant l’été et il m’avait vraiment étonnée.
Merci c’est très gentil ! J’aime bien les livres dont la construction est originale comme, dans un autre style Nymphéas Noirs de Bussi, qui est selon moi encore plus complexe.
J’attends avec impatience de pouvoir l’emprunter à la bibliothèque! J’ai hâte de me plonger dans cette histoire intrigante. Si tu aimes les narrations originales, je te conseille Au lieu-dit Noir-Etang de Thomas H. Cook, livre dans lequel on devine qu’il s’est passé quelque chose sans vraiment savoir quoi, on sait qui est impliqué sans vraiment savoir comment et ce jusqu’à la dernière page.
Merci pour ton message et pour ton conseil de lecture, c’est chouette de pouvoir découvrir de nouveaux titres ou de nouveaux auteurs !
Je note ton conseil pour Nymphéas Noirs de Bussi 🙂 J’espère avoir un coup de coeur comme pour ce roman.
Merci pour ton message ! J’espère que ce roman te plaira 😉
Ce livre me faisait envie mais j’ai lu beaucoup d’avis mitigé … Beaucoup de gens assez déçus … Du coup je ne pense pas le lire dans l’immédiat …
Merci pour ton commentaire. C’est un roman agréable à lire, mais en effet ce n’est pas le polar du siècle, je comprends que tu aies d’autres priorités.
Je vais bientôt le recevoir celui-ci, ça faisait un moment qu’il me tentait. J’ai hâte de le lire maintenant en lisant ta chronique 🙂
C’est un policier sympa, j’irai lire ta chronique quand tu l’auras lu 😉
Il est dans ma PAL et j’ai hâte de le lire ! 🙂 Ton avis me donne encore plus envie de le découvrir ^^
Il y a des avis très divergents sur ce roman, pour certains, c’est le coup de coeur, pour d’autres, c’est très passable ; je me situe entre les deux, j’irai lire ce que tu en penses sur ton blog quand tu l’auras lu 😉
Avec ce thriller psychologique exceptionnel, Paula Hawkins fait figure de r v lation de l ann e. Il vous suffit d ouvrir ce livre et de vous laisser entra ner dans le pi ge parano aque et jubilatoire qu elle vous tend et vous comprendrez combien cette publication fait figure d v nement.
Je ne suis pas aussi enthousiaste même si j’ai apprécié ce roman prometteur.
Oh je viens de le finir, quelle claque ! j »ai hâte de voir le film.
J’en parle ici !
http://mademoiselleestcommetoutlemonde.blogspot.fr/2016/08/livre-la-fille-du-train-de-paula-hawkins.html
Je ne verrai probablement pas le film avant longtemps mais j’aime bien voir les adaptations après avoir lu les livres 😉
J’ai été moins enthousiaste que toi. J’ai trouvé que la structure narrative s’essoufflait rapidement et devenait presque artificielle.
Je n’ai pas eu cette impression au moment où je l’ai lu. Cela dit, j’écris toujours mes billets « à chaud » et j’ai donc tendance à être bienveillante et lorsque je me relis quelques mois plus tard, je me dis que j’ai parfois été un peu généreuse… 😉
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Bonjour,
Je suis toujours impressionnée par ce livre. « La fille du train » a été transformé en film. Mais je n’apprécie pas cette version. Il manque beaucoup de détails importants. Ton article me donne envie de le relire. J’aime bien ton blog.
Bonne journée !
Merci ! Je n’ai pas vu l’adaptation cinématographique de ce roman mais je suis d’accord avec toi sur le fait que souvent, le livre est meilleur que le film car on est obligé de laisser certains aspects de côté. Belle journée à toi !
J’avoue que j’avais eu du mal avec la violence. Sinon une bonne lecture, un bon suspens. Sans plus.
La violence ne me gêne pas trop dans la fiction, à condition qu’elle ne soit pas prétexte à noircir des pages. quand elle est purement gratuite ou gore, là, j’arrête de lire. J’ai bien aimé l’idée de départ et l’aspect polyphonique du roman, mais il ne me laissera pas une marque indélébile, si ce n’est que c’est le premier roman dont j’ai fait une critique sur ce blog ! 🙂