J’ai lu plusieurs fois Madame Bovary à différentes époques de ma vie et j’ai trouvé ce roman très intéressant à chaque lecture. Je me souviens avoir lu le début de Salammbô il y a longtemps mais ne l’avais pas fini. J’ai donc souhaité recommencer cet ouvrage avec la ferme intention de me laisser emporter par la beauté de la langue. En effet, la première phrase que je connais par cœur depuis longtemps m’avait subjuguée :
« C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. »
Moi qui aime habituellement les classiques, j’avoue que j’ai été très déçue et j’ai vraiment peiné pour finir cet interminable roman. Je vous explique pourquoi.
D’abord, il y a tromperie sur la marchandise avec le titre. Salammbô est le nom de la fille du général carthaginois Hamilcar Barca (vous savez, Hamilcar, le père aussi d’Hannibal qui ira combattre les Romains en passant les Alpes avec ses éléphants). Mais Salammbô n’est pas du tout l’héroïne du roman. On parle d’elle bien sûr, de temps à autre, mais dans la majorité des chapitres, on ne l’évoque même pas.
L’héroïne, c’est la guerre. Je n’aime ni les récits de combats ni les romans historiques en général. Là, j’ai été servie. L’histoire se passe dans l’Antiquité, autour de Carthage, en Tunisie d’aujourd’hui. Le récit s’ouvre sur un fabuleux banquet qui va dégénérer : les mercenaires engagés par Hamilcar saccagent les lieux. De ce désordre va naître une opposition entre les deux camps, et une guerre éclate entre les Carthaginois d’un côté et les Barbares issus de plusieurs nations menés par Mâtho de l’autre.
Mâtho a aperçu la belle Salammbô et en est tombé follement amoureux. Mais il fait désormais partie du camp des ennemis de son père. On pourrait s’attendre à un Roméo et Juliette à la mode carthaginoise, mais… non. La guerre occupe toute la place, pas l’amour.
« Oh ! Si tu savais, au milieu de la guerre, comme je pense à toi ! Quelquefois, le souvenir d’un geste, d’un pli de ton vêtement, tout à coup me saisit et m’enlace comme un filet ! j’aperçois tes yeux dans les flammes des phalariques et sur la dorure des boucliers ! j’entends ta voix dans le retentissement des cymbales. Je me détourne, tu n’es pas là ! et alors je me replonge dans la bataille. »
La guerre est alors narrée avec force détails. On a par exemple le récit minutieux de chaque bataille, le fonctionnement et la mise en place des catapultes etc. le tout raconté avec une précision louable mais… lassante.
Les personnages, presque tous masculins, ne m’ont pas fait vibrer, je n’ai pas senti de communion entre eux et moi. Leur solitude, leurs forfaitures et trahisons ne m’ont pas ébranlée. Les descriptions très réalistes des scènes du banquet, de batailles, de torture m’ont paru longues.
Je m’étais imaginé que le style de Flaubert allait me séduire, mais pas dans ce roman. Oh bien sûr, il est très bien écrit, mais il faudrait lire cette œuvre avec un dictionnaire spécialisé à côté tellement abondent les termes techniques. Qu’il s’agisse de l’art militaire, des plantes, des vêtements ou encore d’autres domaines, beaucoup de mots savants liés à l’Antiquité sont utilisés. Le dictionnaire intégré de ma liseuse était loin de me fournir une définition de chacun d’eux. À croire que Flaubert a déployé là toute l’étendue de sa maîtrise du vocabulaire. Je doute que ses lecteurs d’hier ou d’aujourd’hui connaissent tous ces termes. Pour le fun, je vous en ai sélectionné quelques-uns : « phénicoptères, schalischim, cataphractes, kinnor, simarre, lausonia, circonvallation, carrobalistes, sambuques, tollénones, hiérodoules, hélépole, canéficiers, ascléplas, sayons, lardoires » et j’en passe. Disons que je ne connais pas grand monde qui utilise un tel vocabulaire.
Bref, je me suis sentie particulièrement inculte, j’ai considéré avec gravité mes lacunes en vocabulaire, mais mon ego s’est vite remis de cette déception. Malgré cela, je me suis beaucoup ennuyée. Et pourtant, je suis consciente de l’immense travail qu’un tel roman a exigé : Flaubert s’est rendu sur place à Carthage, s’est documenté, a pris sa plus belle plume pour faire revivre sous nos yeux ce pan de l’histoire… mais cela ne m’a pas touchée, hélas. Ce roman ravira peut-être les historiens ou amateurs de stratégie militaire…
Salammbô, de Gustave Flaubert
Roman français paru en 1862. 466 pages chez Garnier-Flammarion.
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J’ai également lu « Madame Bovary » dans ma jeunesse 🙂
Ce livre dont tu parles semble être tout à fait différent et sa lecture n’est donc pas évidente !
Bonne journée Sandra.
C’est tout à fait cela, ce n’est pas une lecture évidente, elle ne m’a pas plu mais elle peut convenir à ceux qui aiment les romans historiques. Bonne journée à toi aussi 😉
Ca le mérite d’être clair. J ai essayé de le lire il y a déjà pas mal de temps. Je n’ai pas accroché, je n’ai pas eu le courage bref je ne l’ai jamais fini. Ni mis dans mes cartons pour le faire suivre… Bravo tu l’as terminé!
Je te comprends ! Moi non plus je ne l’avais pas fini la première fois, là je me suis vraiment forcée (alors que maintenant, je n’hésite plus à abandonner une lecture). Je voulais savoir ce que la passion de Mâtho allait devenir, mais je n’ai pas apprécié cette lecture. Bon week-end Stéphanie !
J’ai très peur de lire son oeuvre principale alors celui-là, je crois que je vais clairement passer mon tour. x) Ca fait un peu prétentieux de balancer tout son vocabulaire comme ça, mais en même temps, je me dis qu’il voulait juste bosser sur un livre très travaillé et complet dans ses recherches, donc je ne l’accuse de rien. 😛
Je comprends bien ton point de vue et te conseille de lire plutôt « Un coeur simple » dans ses 3 Contes ou Madame Bovary, qui sont nettement plus accessibles et plus agréables à lire ; je les ai beaucoup aimés. Là, c’est louable d’avoir voulu faire un roman historique aussi précis, mais pfff, quel ennui, du moins pour moi ! Bon week-end 😉
Bravo pour l’avoir fini! Moi non plus j’ai jamais réussi à dépasser les 20 premières pages… et du coup pas vraiment envie de m’y replonger ! (Et pourtant, j’aime l’histoire 😉
Je te comprends ! Je pensais que je ne l’avais pas lu au bon moment, mais en fait, non, c’est simplement que je n’aime pas ce roman 😉 Bon dimanche !
Comme je te le disais sur Instagram, je n’ai lu que Madame Bovary et j’avais pas du tout accroché. Pourtant j’adore les classiques. Mais là je trouvais ça vraiment long, ennuyeux et Emma je l’ai trouvé terriblement insupportable! Bien que j’aime les romans historiques, je pense que je ne lirai pas Salammbô. Par contre j’ai l’éducation sentimentale dans ma PAL: du coup je retenterai avec celui ci et si ce n’est pas concluant hasta la vista Flaubert!
Ah moi j’ai beaucoup aimé Madame Bovary, même si Emma est franchement insupportable. Et aussi Un coeur simple. Mais Salammbô… Pourtant comme toi, j’adore les classiques, j’essaie d’en (re)lire un par mois mais je n’ai pas accroché avec celui-là, dommage !
Je n’ai jamais tellement accroche a Flaubert, meme pas tant que ca a Madame Bovary. Ses recits me donnent l’impression de ne pas tellement avancer… Et pourtant, a l’inverse, j’ai un petit faible pour Salambo pour sa saveur exotique et antique, je crois… Tiens, tu m’a donne envie de le relire… (Je crois que c’est a l’oppose de ce que tu attendais en ecrivant ton billet, mais finalement 😉 )
Hahaha ! En fait, je ne cherche pas à décourager, simplement à partager mes impressions 😉 Tant mieux si le billet te donne envie de relire ce roman, je te trouve bien
masocourageuse 😀 Tu me diras si ta première impression a persisté, mais franchement, j’ai eu du mal, alors je te souhaite bon courage !Pingback: Que lire cet été ?
Merci pour ta chronique, je te conseille Guerre et Paix la 1 ère partie surtout, il y a de la guerre mais aussi de l’amour.
J’en ai beaucoup entendu parler mais n’ai jamais réussi à me résoudre à lire un tel pavé à cause du titre. Peut-être un jour essaierai-je…
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Bonjour,
Pour ma part, je ne me souviens pas avoir lu une fois Flaubert (peut-être à l’école, mais c’est trop loin ;) ). Je pense que je ne commencerai du coup pas par celui-ci.
En revanche, c’est agréable de lire une chronique empreinte d’autant de respect pour le travail de l’auteur. Vous n’avez certes pas aimé, mais vous ne remettez pas en question son talent ou les efforts accomplis sur ce récit. C’est appréciable.
Merci.
Bonjour et merci pour le compliment. Je pense qu’il est important de dissocier le travail (colossal !) de l’auteur de nos propres goûts littéraires.